Résumé

L’objectif de ce travail consiste à analyser les comptages cellulaires individuels (CCI) des vaches pour une lactation complète et à identifier les facteurs de risque des mammites. L’étude a été réalisée sur un échantillon de 113 élevages bovins hors sol répartis sur trois régions du littoral semi-aride de la Tunisie: Sousse, Monastir et Mahdia. Il en résulte que la majorité des troupeaux de l’échantillon examiné présente des CCI élevés. L’analyse des CCI relatifs aux conditions d’élevage et de traite des trois régions a permis de mettre en évidence certains facteurs à effets significatifs sur les variations des CCI et la probabilité de propagation des mammites. Pour la région de Sousse, l’utilisation d’une litière réduit à moitié les CCI moyens qui se sont avérés fortement liés à la propreté aussi bien de l’aire de couchage que de la mamelle. Les paramètres de traite: «Profondeur de mamelle», «Propreté de mamelle» et «Non désinfection des trayons» se sont révélés susceptibles d’affecter les CCI et sont considérés comme facteurs causals de mammites bovines. Pour la région de Monastir, les facteurs à effets significatifs (P < 0,05) sont: la stabulation libre, le nettoyage de la machine à traire avec seulement de l’eau, le mauvais état de la tuyauterie, la non élimination des premiers jets de lait et la mauvaise propreté des mamelles et des pattes arrière des vaches. Pour la région de Mahdia, l’étude statistique a révélé que l’absence de nettoyage et d’essuyage de la mamelle était associée à des CCI élevés. Concernant les paramètres de fonctionnement de la machine à traire, la Fréquence de Pulsation (FP) et le Rapport de Pulsation (RP) ont eu une influence significative sur l’élévation des CCI.


Mots-clés: Élevage bovin laitier hors sol, conditions d’élevage et de traite, comptages cellulaires individuels, mammites, facteurs de risque, Tunisie semi-aride.

INTRODUCTION

La mammite est un état d’inflammation de la glande mammaire résultant de l’action de microorganismes pathogènes très variés. Ces derniers attaquent et endommagent les tissus sécrétoires qui réagissent très souvent contre l’agression par la mobilisation des leucocytes polynucléaires neutrophiles dans la région de l’infection. La mammite se rencontre généralement chez les vaches en lactation (Benhamed, 2014). Les mammites bovines ont de multiples origines et sont souvent de type subclinique rendant, ainsi, le contrôle et la surveillance difficiles (Delfosse et al., 2006). Elles constituent la pathologie la plus fréquente (Faye et al., 1994; Fourichon et al., 2001) et la plus coûteuse (Seegers et al., 2003) aperçue en élevage bovin laitier. A cet égard, les infections subcliniques sont responsables d’environ 80% de l’ensemble des pertes économiques associées aux mammites, liées à une réduction des quantités (Rupp et al., 2000, M’Sadak et al., 2014c) et de la qualité du lait produit (De Graaf et Dwinger, 1996; Durocher et Perreault, 2009), ainsi qu’aux coûts de traitements et de préventions (Seegers et al., 2003; Shim et al., 2004; Petrovski et al., 2006). La détection des mammites subcliniques se fait, couramment, grâce aux comptages cellulaires individuels (CCI) ou à ceux du quartier (Remy, 2010). Les CCI élevés sont un témoin de l’installation d’une mammite (Barnouin et al., 1999). Généralement, les comptages des cellules somatiques constituent un bon moyen pour estimer l’état global de la santé de la mamelle (Rodenburg, 1985; Rupp et al., 2000; Lévesque, 2007; M’Sadak et al., 2016).

Dans ce contexte, gérer la santé d’un troupeau, c’est tout d’abord gérer les risques (Lévesque, 2006). La prévention des mammites peut être envisagée dans la mesure où les facteurs de risque de ces affections sont identifiés. L’étude entreprise se propose une analyse descriptive des facteurs de risque des mammites associés notamment aux conditions d’élevage et de traite des vaches, en ayant recours aux diagnostics technique et hygiénique mis en œuvre pour la caractérisation des mamelles, des pratiques d’élevage, des équipements et des chantiers de traite des vaches dans un échantillon de troupeaux laitiers menés en hors sol dans la Tunisie littorale semi-aride. Elle tente via l’analyse des CCI obtenus en contrôle laitier (CL), de faire ressortir des facteurs de risque des inflammations mammaires bovines.

MATÉRIEL ET MÉTHODES

Cette étude a été réalisée dans la région du Sahel Tunisien (Gouvernorats de Sousse, Monastir et Mahdia) à partir des données recueillies par le CL relatif à 113 élevages totalisant 707 vaches considérées parmi les 1275 vaches présentes (VP) dont 1102 vaches en lactation (VL). Les vaches considérées sont toutes de race Pie Noire Holsteinisée. Les vaches primipares représentent 21% de 297 vaches à Sousse et 32% de respectivement 185 et 225 vaches à Monastir et à Mahdia. Tous les troupeaux étudiés sont soumis à la traite mécanique biquotidienne. Ces troupeaux sont conduits selon le système hors sol, caractérisé par le manque, voire l’absence de surface fourragère disponible, en raison d’une pluviométrie annuelle insuffisante ne dépassant pas les 350 mm (milieu semi-aride) et des ressources en eau de mauvaise qualité (salinité élevée). L’étude a été conduite à partir du dépouillement des données des comptages cellulaires individuels (CCI), réunies auprès des Directions régionales de l’Office d’Elevage et des Pâturages (OEP) des trois gouvernorats. Les données ont été extraites de façon à garantir au moins une lactation complète pour chaque vache considérée. Autrement dit, la période retenue est délimitée par le premier vêlage et le dernier tarissement pris en compte. On a pu relever uniquement les données du CL de 707 VL (Dépouillement de 3 à 8 CL disponibles par lactation considérée).

Suite à la collecte des CCI à partir des fiches de contrôle laitier, on a réalisé une enquête sur les conditions d’élevage (stabulation, litière, …) et de traite (équipement et chantier) par troupeau. On a aussi utilisé, comme variables individuelles, celles relatives à la conformation de la mamelle: profondeur du pis, qualité des attaches, position des trayons, taille et forme des trayons et à la propreté: du pis, des pattes arrière ainsi que des flancs et des cuisses. Pour chaque variable, on a calculé la moyenne des CCI relative à chaque modalité retenue.

Lors du suivi, on a utilisé une fiche de notation de la conformation et de la propreté des mamelles et une fiche de contrôle des conditions d’élevage et de traite. La notation de la conformation, de la propreté des mamelles et le contrôle de l’existence éventuelle des anomalies des trayons ont été accomplis selon les principes utilisés par Dufour et al., (2005).

Il convient de signaler que le protocole d’enquête a été amélioré au cours de l’étude. A ce propos, certaines données ont été analysées uniquement pour les régions de Sousse et de Monastir, à savoir: certaines conditions d’élevage (stabulation, litière, aire de couchage), conformation mammaire et propreté des vaches.

Concernant le traitement des données relatives à l’étude des facteurs de risque liés aux mammites, on a adopté, pour la mise en évidence des corrélations éventuelles, la procédure GLM du logiciel Statistical Analysis Système (logiciel SAS, version 9.13), en faisant appel au modèle linéaire généralisé pour l’analyse de la variance des différents contrôles considérés. L’édition des données a été effectuée à partir des tableaux des fréquences (procédures FREQ et MEANS). Pour chaque facteur étudié, on a comparé les moyennes de ses niveaux surtout par le t-test (seuil 5 %) selon le modèle statistique:

Yi = μ + NFi + ei

Avec: Yi = Numération cellulaire, µ = Moyenne, NFi = Effet du niveau du facteur de risque, ei = Erreur résiduelle.

RÉSULTATS ET DISCUSSION

Présentation et appréciation des CCI moyens

La classification des cas mammiteux diffère d’un auteur (Fabre et al., 1996) à l’autre (Noireterre, 2006), respectivement 2 et 4 classes. Noireterre (2006), a rapporté des règles d’appréciation plus sévères que celles de Fabre et al. (1996), en spécifiant davantage les différents degrés de mammites, et en repérant la part des mammites cliniques pour mieux ajuster les interventions à entreprendre.

Selon Fabre et al., (1996), une vache est considérée saine, si son CCI est inférieur à 300 000 cell. /mL (Mezine, 2006), qui est un seuil au-delà duquel une vache est considérée infectée (Guérin et Guérin-Faublée, 2007). Le Tableau 1 révèle la répartition des CCI des trois échantillons selon les normes proposées par Fabre et al., (1996) pour application dans le Contexte Français. En suivant ces normes, la région de Mahdia enregistre le plus grand nombre de mamelles saines (62 %), suivie par la région de Monastir dont 57 % des mamelles se sont avérées saines, alors que la région de Sousse a enregistré le pourcentage le plus faible de mamelles saines (55 %) parmi les trois régions.

Selon Noireterre (2006), pour classer une vache comme «non infectée», il faut que son CCI soit inférieur ou égal à 200 000 cell. /ml. Le tableau 2 présente les CCI selon la distribution proposée par Noireterre (2006) pour application dans le Contexte Canadien. En appliquant de telles règles, on remarque que le pourcentage des vaches qui produisent un lait normal (vaches saines) diminue pour les trois régions considérées en gardant le même ordre que précédemment. Cependant, le taux de mammite subclinique (douteuse) augmente remarquablement en passant respectivement de 20, 22, 20 % à 33, 35, 34 % pour les régions étudiées (Tableau 2).

Analyse descriptive des facteurs de risque associés aux mammites

Considérations générales

Remy (2010) définit le facteur de risque comme étant un facteur qui augmente la probabilité d’apparition ou de développement d’une maladie. Les facteurs de risque liés aux mammites peuvent être de provenance, d’une part, des conditions d’élevage et de traite, et d’autre part, des caractéristiques morphologiques et hygiéniques des animaux. Pour cette étude, nous avons considéré comme facteurs de risque des mammites subcliniques quelques variables comme: les pratiques d’élevage, les paramètres de fonctionnement des machines à traire, les pratiques d’hygiène de traite, la conformation des mamelles et la propreté des vaches. Chaque variable étudiée peut avoir deux modalités ou plus, par exemple: le type de stabulation: entravée/ libre; la litière: existe/n’existe pas ou bien pour la variable Élimination des premiers jets: Non/ Au sol/ Dans un Récipient et la variable Propreté de la mamelle: Mauvaise/ Moyenne/ Bonne.

Recherche de l’impact des facteurs de risque sur les CCI

Relation entre conditions d’élevage des vaches et CCI

Les résultats de l’analyse de la variance des CCI en fonction des conditions d’élevage dans la région de Sousse ont montré que la stabulation libre ne diffère pas beaucoup de la stabulation entravée. L’existence de la litière réduit à moitié les CCI moyens qui se sont avérés fortement liés à la propreté de l’aire de couchage (Tableau 3). Seule la propreté de l’aire de couchage est peu significative vers les derniers contrôles qui coïncident avec la deuxième phase de la lactation. Une litière insuffisamment entretenue augmenterait les risques d’infection des mammites subcliniques (Hutton et al., 1991).

Les pratiques d’élevage considérées dans la région de Monastir n’ont pas montré d’influence sur les CCI dans le contexte étudié (Tableau 3). L’influence du système de stabulation sur l’importance des CCI est encore contestée, mais elle fait encore l’objet d’autres études. Une litière sèche et propre pourrait diminuer la propagation des agents infectieux. Cependant, la stabulation libre a révélé un CCI moyen plus élevé (829 000 cell. /mL) que celui trouvé avec la stabulation entravée (536 000 cell. /mL) avec une tendance d’influence du type de stabulation sur les CCI (P< 0,10).

Relation de la technologie de traite des vaches avec les CCI

Certains auteurs ont rapporté que le non contrôle annuel de la machine à traire est associé à une augmentation de la fréquence des mammites subcliniques (Lacombe, 1998; Faroult, 1990; M’Sadak et al., 2014b). Le contrôle de la machine permet de corriger les paramètres de fonctionnement de la machine à traire afin qu’ils respectent les normes et traumatisent le moins possible les trayons. Cela se traduirait par une baisse de la fréquence des mammites subcliniques et une meilleure numération cellulaire (Mtaallah et al., 2002). Un niveau de vide trop important, des pulsateurs déréglés (fréquence ou rapport de pulsation), des manchons trop durs ainsi que la surtraite ou l’arrachage des griffes sans coupures du vide en fin de traite, augmentent la sensibilité de la mamelle et diminuent également ses défenses.

Pour la région de Sousse, concernant les paramètres «Niveau de vide», «Fréquence de pulsation» et «Rapport de pulsation», on constate que la modalité «Conforme» a toujours les CCI moyens les plus élevés (Tableau 4). Néanmoins, on a observé la non signification des effets des conditions de traite considérées (P> 0,05). Il est à signaler que les résultats douteux ou négatifs doivent être pris avec précaution. Un comptage cellulaire faible ne signifie pas forcément l’absence d’une infection, car la réaction inflammatoire peut être différée ou de faible intensité (Debreil, 2008).

Pour la région de Monastir, faute de disponibilité d’appareillage de testage, le niveau de vide et le rapport de pulsation n’ont pas été contrôlés, alors que la fréquence de pulsation relevée (Tableau 4) a été comptée manuellement. Pour ce paramètre, la modalité «inférieure» s’est avérée significative, malgré que les CCI correspondants soient inférieurs aux CCI de la modalité «supérieure» (P> 0,05).

Pour la région de Mahdia, les modalités non conformes (inférieur et supérieur) ont présenté généralement des CCI élevés, malgré que la différence observée n’est pas significative (Tableau 4). La modalité «Conforme» a enregistré les CCI les plus faibles pour tous les paramètres de vide et de pulsation étudiés.

Pratiques de traite des vaches et leur effet sur les CCI

L’influence des pratiques de la traite inadéquates sur l’apparition des mammites a été étudiée par divers auteurs. Pour commencer, un bon lavage des quartiers est indispensable pour l’hygiène de la traite. En effet, un lavage sans essuyage risque d’entraîner un dépôt d’eau excédentaire au sommet des manchons trayeurs qui sera par la suite aspirée lors de la traite. L’élimination des premiers jets de lait, qui sont les plus riches en germes, empêche leur passage dans la machine à traire, et par conséquent, réduit les contaminations ultérieures des mamelles. Ce résultat est en accord avec celui trouvé par Rasmussem et al., (1991), Schukken et al., (1991), Mtaallah et al., (2002) et M’Sadak et al., (2014a).

D’après Roussel et Ribaud (2000), dans leur étude sur les mammites, l’absence de nettoyage et de désinfection après la traite d’une vache est associée à une augmentation du risque de mammites des vaches.

Concernant les élevages de la région de Sousse, le non essuyage de la mamelle après lavage, l’élimination des premiers jets au sol et la non désinfection des trayons, sont les pratiques qui ont enregistré les moyennes des CCI les plus élevées (Tableau 5). Les résultats de l’analyse de la variance des CCI en fonction des pratiques de traite considérées ont révélé que tous les paramètres sont quasiment non significatifs.

Pour les élevages de la région de Monastir, il n’y a pas de différence significative entre les CCI correspondant aux deux modalités (Oui, Non) de l’essuyage des mamelles après le lavage. Cependant, dans les deux cas, les CCI enregistrés sont élevés (Tableau 5). Le même résultat est relevé pour la désinfection des trayons après la traite. L’élimination des premiers jets au sol a une tendance d’influence sur les CCI (P< 0,10), car ces premiers jets riches en germes sont devenus des sources de contamination pour le reste des vaches. De ce fait, l’élimination des premiers jets dans un récipient est liée à des CCI faibles (P< 0,05) comme le montre le Tableau 5.

En ce qui concerne les élevages de la région de Mahdia, l’analyse de la variance des CCI en fonction des pratiques de traite considérées (Tableau 5) dévoile que tous les paramètres sont non significatifs, malgré que toutes les pratiques recommandées (Essuyage Mamelle: Oui: Élimination Premiers Jets: Récipient; Désinfection Trayons: Oui) ont présenté des CCI faibles.

Relation de la conformation des mamelles avec les CCI

Les caractères de conformation considérés chez les vaches et leur répartition en fonction des CCI sont illustrés dans le tableau 6.

Relation de la propreté des vaches avec les CCI

Le Tableau 7 relève les résultats de l’analyse de la variance des CCI concernant la propreté de quelques organes : la mamelle, les pattes arrière et les flancs et cuisses.

Dans une étude visant à rechercher l’impact de la morphologie de la mamelle et des trayons sur la santé mammaire des vaches, Slettbakk et al., (1995) ont rapporté qu’une diminution de la distance entre l’extrémité du trayon et le sol est significativement associée aussi bien à une élévation des CCI qu’à la survenue de mammites cliniques. Les résultats antérieurs obtenus par Bakken (1981) vont également dans ce sens. Ceci s’explique par le fait qu’une mamelle basse (Pis Profond) est davantage exposée aux souillures et aux blessures qu’une mamelle bien accrochée (Bakken, 1981). Concernant les vaches ayant une bonne conformation, généralement, ce sont des primipares. L’origine du niveau élevé des CCI observé chez les primipares serait peut être lié aux cellules somatiques diluées dans un faible volume de lait à cause de la faible production laitière (Coulon et al., 1996). L’analyse de la variance des CCI des contrôles considérés (Tableau 6) a montré que tous les paramètres considérés sont avérés non significatifs (P> 0,05) pour les régions de Sousse et Monastir. Ce résultat peut s’expliquer par le fait que la notation des caractéristiques mammaires n’a pas été effectuée le même jour que les prélèvements laitiers destinés pour le comptage cellulaire. Les CCI utilisés dans cette analyse concernent la lactation précédente. Le décalage dans le temps entre les deux facteurs est à éviter lors des investigations ultérieures.

La propreté des vaches est un élément d’appréciation de l’hygiène générale et constitue une synthèse concrète des souillures apportées par le milieu et des facteurs pathogènes qui leur sont liés (Faye et Barnouin, 1985).

Pour les élevages de la région de Sousse, aucun des facteurs choisis pour l’analyse ne s’est dévoilé significatif. Cependant, on remarque que la modalité «Mauvaise» présente toujours les CCI les plus faibles. Ce résultat confirme la faible influence de la propreté des vaches sur l’évolution des CCI au cours de cette étude cédant, ainsi, l’avantage à d’autres facteurs d’exprimer leur forte influence sur l’élévation des CCI.

Pour les élevages de la région de Monastir, l’étude de l’effet de la propreté des vaches sur les CCI a montré que la modalité «Mauvaise» de la mamelle relève des CCI très élevés par rapport à ceux des modalités «Bonne» et «Moyenne» (P< 0,05). La propreté des pattes arrière a enregistré une influence sur les CCI (P< 0,05). La propreté des flancs et des cuisses a révélé une tendance d’influence sur les CCI (P< 0,10).

CONCLUSION

La présente investigation des relations entre les Comptages Cellulaires Individuels (CCI), d’une part, et les conditions d’élevage et de traite ainsi que les caractéristiques morphologiques et hygiéniques des vaches, d’autre part, a mis en évidence certains facteurs de risque liés aux mammites.

La conformation de la mamelle (notamment profondeur de la mamelle), la propreté de la mamelle et de l’aire de couchage sont les facteurs dont leurs effets sont significatifs sur la variation des CCI. Il est probable que d’autres facteurs, non pris en considération dans cette étude, soient en cause, tels que le mode de traite des vaches infectées, le tri du lait mammiteux, la conception et le mode d’utilisation de la machine à traire, le système de réforme des vaches, …

Dans l’ensemble, ce travail a eu le mérite de fournir des informations relatives à la situation sanitaire mammaire des troupeaux bovins laitiers conduits en hors sol dans le Sahel Tunisien, en considérant un ensemble d’élevages répartis dans les régions de Sousse, de Monastir et de Mahdia. Elle a permis de repérer les orientations pour des études ultérieures à propos des diagnostics épidémiologiques (descriptif et analytique) des infections mammaires cliniques et subcliniques au niveau de chaque troupeau. Le recours à la répétition périodique des contrôles est indispensable pour toute appréciation des variables d’étude. Ces répétitions doivent êtres synchronisées avec le dépouillement des variables destinées à l’analyse, afin de mieux cibler les facteurs de risque éventuels.

En définitive, les différences entre résultats acquis lors de la présente étude et des études antécédentes découlent, non seulement, de l’effet du contexte spécifique à chaque recherche, mais aussi, du fait que chaque facteur étudié est considéré seul et indépendamment des autres, ainsi que des effets associés ou confondus. Encore, notons que les informations cellulaires relatives à une lactation complète n’étaient que partielles pour certaines vaches suivies. Dans l’avenir, il convient de réduire l’échantillon à étudier aux seules vaches multipares lors des pointages morphologique et hygiénique, afin d’avoir des données plus représentatives.

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