Résumé

Les éleveurs du Bénin ont développé des pratiques indigènes agrosylvopastorales et sylvopastorales pour réduire leur vulnérabilité au changement climatique. En tant que systèmes agroforestiers, ces pratiques sont mal connues dans le contexte du changement climatique au Bénin. Ainsi, la présente étude vise à caractériser les élevages agrosylvopastoraux et sylvopastoraux de deux zones agroécologiques du Bénin. A cet effet, une enquête a été menée auprès de 180 éleveurs de bovins des zones cotonnières du nord et du centre Bénin. Les données collectées ont été relatives aux caractéristiques sociodémographiques, au type de système mise en place par les éleveurs et à la superficie occupée par les cultures et arbres/arbustes. A l’aide des méthodes d’Analyse Factorielle des Correspondances Multiples (AFCM), une typologie de quatre (4) groupes d’éleveurs a été établie. Il s’agit de petits agrosylvopasteurs (Groupe 1: PAS) constitués de 35,5% des enquêtés, de petits sylvopasteurs (Groupe 2: PSV) représentant 4,4 % des enquêtés, de grands sylvopasteurs (Groupe 3: GSV), constitués de 5% de l’échantillon et enfin de grands agrosylvopasteurs (Groupe 4: GAS), constitués de 55% des enquêtés. Cette caractérisation constitue un point de départ pour l’évaluation de la productivité de chaque groupe ainsi que le potentiel des pratiques indigènes pour l’atténuation des effets du changement climatique.


Mots clés: Changement climatique, agroforesterie, bovins, sylvopastoralisme, Bénin

Introduction

Le changement climatique (CC) est un frein au développement socio-économique des populations rurales (Niang, 2009). Il provoque une élévation de la température et une nouvelle répartition des précipitations (Bergonzini, 2004). L’Afrique subsaharienne, où l’agriculture est la principale source d’emploi et de revenus pour la majorité de la population (Enete et Onyekuru, 2011), apparaît comme la région du monde la plus exposée au CC (FAO, 2016). Le CC est principalement causé par les émissions de gaz à effet de serre (GES) qui conduisent au réchauffement climatique (IPCC, 2014). Le secteur de l’élevage est responsable de 14,5 % des émissions mondiales de GES (Gerber et al., 2013) et contribue donc au CC. Le défi aujourd’hui est donc de maintenir un équilibre entre la production animale et le CC (Wright et al., 2012).

Au Bénin, l’intensité et la fréquence des événements météorologiques extrêmes devraient augmenter ainsi que les risques et les impacts qui leur sont associés (Yabi & Afouda, 2012). Selon le MEHU (2011), les précipitations au Bénin resteront à peu près stables dans le sud du pays (+ 0,2 %) d’ici 2100, mais diminueront de 13 à 15 % dans le nord, qui est la zone privilégiée pour l’élevage des ruminants au Bénin (Houessou et al., 2019). Avec ce scénario, les exploitations bovines situées au nord du Bénin seront fortement affectées par les variations climatiques, avec des baisses de la productivité de l’élevage (Nardone et al., 2010). Cela a été confirmé par Todaro et Smith (2009) qui ont conclu que le pire impact du changement climatique se fait sentir dans le secteur de l’élevage.

Les impacts de la variabilité climatique sont perçus par les petits exploitants agricoles à travers les poches de sécheresse, les inondations, les orages et les vents violents, le retard et l’arrêt précoce des pluies, l’augmentation de la durée de la saison sèche, etc. (Katé et al., 2014; Idrissou et al., 2020). Pour faire face à ces impacts, les petits exploitants agricoles développent plusieurs stratégies d’adaptation. Ces stratégies varient selon le niveau de prospérité et les moyens dont elles disposent (Yegbemey et al., 2013). Cependant, parmi ces pratiques, il y en a plusieurs qui sont intelligentes face au climat et qui augmentent la productivité, développent la résilience tout en limitant les émissions de GES.

Cependant, compte tenu de leur grande diversité, de leur présence localement confinée et du développement largement spontané de telles pratiques indigènes adaptées, les informations concernant leur efficacité sur la productivité des animaux, sur l’environnement et sur la sécurité alimentaire font défaut. C’est le cas des systèmes sylvopastoraux et agrosylvopastoraux indigènes, qui constituent une stratégie d’adaptation et d’atténuation courante utilisée par les petits exploitants agricoles du Bénin. Le sylvopastoralisme est un système agroforestier de production animale où des arbres et des arbustes fournissent divers services écosystémiques aux humains, sont cultivés sur des pâturages (Rigueiro-Rodríguez et al., 2012; Jose et al., 2019). Le système agro-sylvopastoral est une activité de production qui combine des pratiques sylvopastorales et agricoles. Plusieurs types d’exploitations sylvopastorale et agrosylvopastorale distinctes peuvent être identifiées au Bénin. Ainsi, la présente étude vise à caractériser les systèmes sylvopastoraux et agro-sylvopastoraux de deux zones agro-écologiques du Bénin. Cette caractérisation permettra plus tard d’évaluer l’efficacité des différents types de systèmes sylvopastoraux et agrosylvopastoraux identifiés, sur la productivité du bétail, l’émission de GES, la séquestration du carbone et la sécurité alimentaire des ménages.

Matériel et méthodes 

Milieu d’étude

La présente étude a été réalisée dans deux des huit zones agro-écologiques que compte le Bénin (situé entre 6° et 12° 50’ N et 1° et 3° 40′ E). Il s’agit: de la zone cotonnière du nord Bénin (ZCNB) et de la zone cotonnière du centre Bénin (ZCCB). Le choix de ces zones repose sur le fait qu’elles sont les zones dans lesquelles l’ont rencontre les élevages agro-sylvopastoraux et sylvopastoraux (Alkoiret et al., 2011).

Dans chaque zone, trois (3) communes ont été choisies sur la base du nombre d’agro-sylvopasteurs et sylvopasteurs et d’entretiens préliminaires avec les techniciens des Agences Territoriales pour le Développement Agricole (ATDA). Ainsi, les communes de Banikoara, Kandi et Gogounou ont été retenues dans la ZCNB et ceux de Bantè, Savè et Djidja dans la ZCCB. Au sein de chaque commune, deux (2) villages ont été retenus, ce qui donne un total de 12 villages pour l’ensemble de l’étude.

Échantillonnage

Sur la base des entretiens effectués avec les techniciens des ATDA, 15 éleveurs par village ont été retenu, ce qui donne un total de 180 éleveurs de bovins pour l’ensemble des deux zones agro-écologiques. Cet échantillon a été choisi au hasard parmi les éleveurs qui répondaient au critère suivant: être détenteur d’un cheptel de bovins et pratiqué le sylvopastoralisme ou l’agro-sylvopastoralisme.

Collecte des données

La collecte des données a été effectuée de mars à juin 2021, à travers des entretiens individuels à l’aide d’un questionnaire semi-structuré. Les données collectées ont été relative aux caractéristiques socio-démographiques des éleveurs (âge, ethnie, nombre d’actifs agricoles, taille du ménage, niveau d’instruction, alphabétisation en langue locale, contact avec les services de vulgarisation agricole, appartenance à une organisation d’éleveurs, accès à la terre, la taille du cheptel bovin etc…), aux type d’intégration mise en place (animaux et arbres/arbustes ou animaux, cultures, et arbres/arbustes) et à la superficie occupée par les cultures et arbres/arbustes.

Analyse des données

Les données de l’enquête ont été saisies dans le logiciel Excel 2010, avant d’être importées dans le logiciel R.3.5.1. (R Core Team Development, 2018) pour les analyses statistiques. Pour réaliser la typologie des agro-sylvopasteurs et sylvopasteurs, une Analyse Factorielle des Correspondances Multiples (AFCM), suivie d’une Classification Ascendante Hiérarchique (CAH) ont été effectuées sur les données collectées, à l’aide du package Factoshiny du logiciel R (Husson et al., 2016). Les différents groupes d’éleveurs obtenus ont été ensuite comparés entre eux. Le test de Chi-carré (χ2) suivi du test bilatéral de Z ont été utilisés pour les variables qualitatives. Pour les variables quantitatives, l’analyse de variance (ANOVA) a été utilisée. La comparaison multiple des moyennes a été effectuée avec le test de Tukey lorsque l’ANOVA indiquait une différence significative (p<0,05).

Résultats 

Caractéristiques socio-démographiques des éleveurs enquêtés

Les caractéristiques socio-démographiques des éleveurs enquêtés sont résumées dans le tableau 1. La quasi-totalité des éleveurs enquêtés était de sexe masculin (99,4%) et issus majoritairement du groupe culturel peulh (80%). Très peu d’éleveurs enquêtés étaient scolarisés (15%). Néanmoins, la majorité était alphabétisée en langue locale (74,4%). La proportion d’éleveurs alphabétisée (81,1%) dans la zone cotonnière du centre Bénin (ZCCB) était significativement plus élevée (p<0,05) que celle (67,8) de la zone cotonnière du nord Bénin. Ce constat était identique au niveau de l’appartenance à une organisation d’éleveur. Ainsi, 51,1% de la ZCNB et 72,20% des éleveurs de la ZCCB appartenaient à une organisation d’éleveurs. Plus de la moitié des éleveurs enquêtés (57,8%) était en contact avec les services de vulgarisation agricole. Cependant, aucune différence significative (p>0,05) n’a été observée entre l’appartenance à une organisation des éleveurs des deux zones agro-écologiques. Les éleveurs enquêtés étaient relativement jeunes, avec un âge moyen de 43 ans et une expérience moyenne de 21 ans en élevage de bovins. Les éleveurs de la ZCCB étaient plus jeunes et moins expérimentés (p<0,05) que ceux de la ZCNB. La taille du ménage et le nombre d’actif agricole des éleveurs enquêtés étaient respectivement en moyenne de 9 et 6 personnes. De façon générale, la taille du cheptel bovin des éleveurs des deux zones d’étude était de 78 têtes. Cependant, les éleveurs de la ZCNB possédaient plus (p<0,05) de têtes de bovins que ceux de la ZCCB.

Typologie des systèmes agrosylvopastoraux des zones cotonnières du nord et du centre Bénin

Les deux premiers axes factoriels obtenus à partir de l’Analyse Factorielle des Correspondances Multiples (AFCM), ont permis d’avoir un pourcentage cumulé de variance expliquée supérieur à 50% et sont donc considérés pour l’interprétation des résultats (Figure 1). Les principales variables discriminantes ont été la zone agro-écologique, l’âge, l’expérience en élevage des bovins, la taille du ménage, le nombre d’actif agricole, la dominance des arbres/arbustes, la superficie occupée par les cultures et les arbres/arbustes et enfin l’effectif du cheptel bovin. Ainsi, le premier axe oppose les petits agro-sylvopasteurs (Groupe I: PAS) et sylvopasteurs (Groupe II: PSV), des grands sylvopasteurs (Groupes III; GSV) et agro-sylvopasteurs (Groupe IV: GAS). Le second axe quant à lui, discrimine les agropasteurs qu’ils soient petits ou grands (Groupes I et IV) des sylvopasteurs (Groupes II et III).

Groupe 1: Petits agro-sylvopasteurs (PAS)

Ce groupe était constitué de 35,5% des enquêtés, soit 64 éleveurs (Figure 1). Ces éleveurs étaient majoritairement rencontrés dans la zone cotonnière du centre Bénin (73,4%). Ils étaient majoritairement du groupe socioculturel peulh et relativement jeune avec un âge moyen de 38 ans (Tableau 2). Très peu d’éleveurs de ce groupe ont été scolarisés (10,9%). Cependant, plus de 80% des éleveurs de ce groupe ont été alphabétisés en langue locale. La majorité des petits agro-sylvopasteurs étaient en contact avec les services de vulgarisation agricole (60,9%) et étaient membre d’une organisation d’éleveurs (71,9%). Dans ce groupe, le principal mode d’accès à la terre est l’achat (78,8%). Les éleveurs de ce groupe intègrent tous l’élevage aux cultures et aux arbres/arbustes. Cependant la superficie occupée par les arbres et arbustes était très petite (0,5 ha) comparée à celle occupée par les cultures (3 ha). De même, en comparant la superficie occupée par les arbres/arbustes dans les quatre groupes, il ressort que la plus petite superficie (p<0,05) était obtenue dans ce groupe. La taille du cheptel bovin de ce groupe était en moyenne de 23 têtes (Tableau 2).

Groupe 2: Petits sylvopasteurs (PSV)

Tous comme les petits agro-sylvopasteurs, les petits sylvopasteurs étaient majoritairement rencontrés dans la zone cotonnière du centre Bénin (Tableau 2). Ils représentaient 4,45% des enquêtés, soit 8 éleveurs (Figure 1). Ils sont majoritairement du groupe socioculturel peulh (50%) et relativement jeune (36 ans). De tous les quatre groupes, c’est seulement dans ce groupe qu’aucun éleveur n’a été scolarisé (p<0,05). Cependant, les trois quart (75%) des éleveurs de ce groupe ont été alphabétisés en langue locale. La majorité des sylvopasteurs (75%) étaient en contact avec les services de vulgarisation agricole, et étaient membre d’une organisation d’éleveurs (75%). Les terres agricoles ont été majoritairement acquises par achat (87,5%) dans ce groupe.

La majorité des éleveurs de ce groupe intègre les animaux aux arbres et/ ou arbustes (87,5%), contre une minorité qui intègre les animaux aux cultures et aux arbres/arbustes (12,5%). La superficie occupée par les arbres/arbustes était de 2 ha contre 1 ha occupée par les cultures. Cette superficie occupée par les cultures est la plus faible (p<0,05) des superficies occupées par les cultures dans les quatre groupes. La taille du cheptel bovin de ce groupe est de 25 têtes.

Ainsi, il n’existe aucune différence significative (p>0,05) entre la taille du cheptel de groupe et celle du groupe PAS. Ce qui n’est pas le cas (p<0,0) avec la taille du cheptel des groupes GAS et GSV.

Groupe 3: Grands sylvopasteurs (GSV)

Les éleveurs de ce groupe sont majoritairement localisés dans la zone cotonnière du nord Bénin (66,7%) et représentent 5% de l’échantillon, soit 9 personnes (Figure 1). Ils sont constitués de trois groupes socioculturels (Tableau 1), dont les plus importants sont les Gando (55,5%) et les Bariba (33,3%). La majorité des éleveurs de ce groupe n’ont pas été scolarisés (88,8%), mais ils ont été alphabétisés en langue locale (87,9%). Plus de 55% et 66% des grands sylvopasteurs enquêtés sont respectivement membre d’une organisation d’éleveurs et en contact avec les services de vulgarisation agricole (Tableau 1). Les éleveurs de ce groupe sont plus âgés (p<0,05) que les éleveurs des deux premiers groupes (PAS et PSV). Cependant, il n’existe aucune différence significative (p>0,05) entre l’âge des éleveurs de ce groupe à ceux du groupe 4 (GAS). Dans ce groupe, les terres agricoles sont principalement acquises par héritage (87,8%). Sur ces terres, la majorité (82%) des enquêtés intègrent l’élevage aux arbres/arbustes, contre une minorité (18%) qui associent à ces deux éléments les cultures. La superficie allouée à ces cultures est en moyenne de 2 ha. La superficie occupée par les arbres/arbustes (5 ha) dans ce groupe est supérieure à celle des cultures (Tableau 1). La taille du cheptel bovin dans ce groupe est en moyenne de 65 têtes.

Groupe 4: Grands agrosylvopasteurs (GAS)

Les éleveurs de ce groupe sont en majorité du groupe socioculturel peulh (65,7%), suivi des Gando (20,2%) (Tableau 1). Ils étaient localisés en grande partie (84,8%) dans la zone cotonnière du nord Bénin et représente 55% de l’échantillon, soit 99 personnes (Figure 1). Tous comme les précédents groupes, la majorité des éleveurs de ce groupe (68,70%) ont été alphabétisés en langue locale, mais très peu ont été scolarisés (12,2%). Plus de la moitié des grands agro-sylvopasteurs était en contact avec les services de vulgarisation agricole et était membre d’une organisation d’éleveurs (Tableau 1). L’âge moyen des éleveurs de ce groupe était de 50 ans. La principal mode d’accès à la terre dans ce groupe était l’achat (79,9%). Tous les éleveurs de ce groupe intègrent les animaux aux cultures et aux arbres/arbustes. La taille du cheptel bovins de ce groupe est identique (p>0,05) à celle du groupe 3 (GSV), et largement supérieure (p<0,05) à celles des groupes 1 et 2 (PAS et PSV). La superficie occupée par les cultures dans ce groupe est la plus élevée (p<0,05) soit en moyenne 8 ha. La superficie occupée par les arbres/arbustes était en moyenne de 3 ha. Cette superficie est inférieure (p<0,05) à celle du groupe GSV, mais supérieur (p<0,05) à celles des groupes PAS et PSV.

Discussion

La caractérisation des systèmes d’élevage bovins ont été largement utilisées dans plusieurs régions du monde pour renforcer les connaissances à des fins diverses (Gelasakis et al., 2017; Amamou et al., 2018; Houessou et al., 2019). La plupart de ces études se sont basées sur des caractéristiques socio-démographiques des éleveurs et sur la structure de leurs troupeaux pour les caractériser. Les études intégrant les aspects liés aux pratiques qui pourraient être des stratégies d’adaptation et d’atténuation au CC font défaut. Ainsi, la présente étude comblant cette lacune a permis d’identifier dans le contexte du CC quatre systèmes sylvopastorale et agro-sylvopastorale dans deux zones agro-écologiques du Bénin. Il s’agit du petit sylvopastoralisme, du petit agrosylvopastoralisme, du grand sylvo-pastoralisme et enfin du grand agro-sylvopastoralisme. Ces résultats sont presque identiques à ceux rapportés par plusieurs auteurs (Assani et al., 2016; Worogo et al., 2020), dans la mesure où ces auteurs ont aussi obtenus quatre types d’élevage bovins en fonction du mode d’élevage adopté par les éleveurs. Mais la seule différence réside dans le fait que la présente étude s’est focalisée uniquement sur les élevages sylvopastorale et agro-sylvopastorale, ce qui n’a pas été le cas avec les études précédentes.

Les quatre systèmes obtenus dans cette étude se différencient principalement par leur situation géographique, l’âge de l’éleveur, son expérience en élevage des bovins, la taille de son ménage, le nombre d’actif agricole, la superficie occupée par les cultures et les arbres/arbustes et enfin l’effectif du cheptel bovin.

Les grands systèmes avec des effectifs de bovins élevés sont localisés principalement dans la zone cotonnière du nord Bénin alors que les petits systèmes avec de faible effectif de bovins se retrouvent dans la zone cotonnière du centre. Ce résultat pourrait s’expliquer par les atouts géographiques dont dispose chaque zone agro-écologique. En effet, la zone cotonnière du nord Bénin regroupant les communes de Gogounou, Banikoara et Kandi bénéficient de la proximité des forêts de l’Alibori supérieur et des Trois Rivières. Ces forêts sont utilisées comme aire de pâturage par les éleveurs. Les éleveurs les plus âgés et les plus expérimentés sont ceux qui détiennent les grands systèmes sylvopastoraux et agro-sylvopastoraux. Ce résultat n’est pas surprenant, car on s’attendait à ce que les éleveurs les plus âgés disposent d’un effectif de cheptel bovins élevé vu le nombre d’année passée dans l’élevage des bovins. Les résultats de l’étude ont également montré que les grands systèmes sylvopastoraux et agro-sylvopastoraux sont détenus par les éleveurs ayant un nombre d’actifs agricoles élevé alors que les petits systèmes sont détenu par ceux ayant un nombre d’actif agricole faible. La disponibilité de la main d’œuvre amène les éleveurs à emblaver assez de superficie agricole.

Les systèmes sylvopastoraux et agro-sylvopastoraux, constituent une stratégie d’adaptation et d’atténuation au CC. Ils contribue à l’atténuation et à l’adaptation au CC de la manière suivante: premièrement, ils s’adaptent mieux à la sécheresse que les pâturages car la production de feuillage des arbres et des arbustes est moins affectée par les variations de précipitations, de température et d’autres variables climatiques, permettant ainsi aux éleveur de maintenir la production animale même dans des conditions météorologiques extrêmes (Papanastasis et al., 2008); deuxièmement, les espèces fourragères ligneuses dans les de ces systèmes augmentent la fertilité des pâturages, offrant ainsi des conditions propices à la croissance de l’herbe (Moreno et al., 2007); troisièmement, la productivité du bétail est plus élevée dans ces systèmes par rapport aux systèmes traditionnels, car les arbres fourragers sont de meilleure qualité que la plupart des graminées herbacées (Ibrahim et al., 2005), un fait qui permet également de réduire la quantité de méthane entérique et d’autres GES provenant du bétail (Hristov et al., 2015); quatrièmement, la biomasse ligneuse augmente le stock de carbone de l’écosystème par rapport aux pâturages couverts d’herbacées (Mekuria et al., 2011), rendant ainsi le système écologiquement durable et politiquement acceptable.

Conclusion

Cette première étape de l’étude sur l’amélioration des systèmes sylvopastoraux et agro-sylvopastoraux du Bénin nous a permis de proposer une typologie de ces élevages. Ainsi, quatre types de systèmes sylvopastoraux et agro-sylvopastoraux dans les zones cotonnière du nord et du centre Bénin ont été identifiés. Il s’agit du petit agro-sylvopastoralisme (PAS); du petit sylvopastoralisme (PSV); du grand sylvopastoralisme (GSV) et enfin du grand agro-sylvopastoralisme (GAS). Cette étude doit être compléter par des travaux sur des aspects plus techniques de ces systèmes d’élevage qui permettront de quantifier les potentialités (productivité, émissions de GES, séquestration du carbone et contribution à la sécurité alimentaire) de ces différents systèmes et des animaux que l’on y trouve. La deuxième étape de l’étude sur l’amélioration des systèmes sylvopastoraux et agro-sylvopastoraux du Bénin avec pour objectif l’évaluation de la productivité des systèmes identifiés sera réalisée par une enquête rétrospective.

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