Résumé

L’étude est menée sur les sites d’Ayérou, Kandadji et Kokorou où subsiste encore une importante population de Dendrocygna viduata. L’objectif de cette étude est de comprendre l’écologie de la reproduction (paramètre mesurable et non mesurable) de Dendrocygne veuf dans la vallée du fleuve Niger, afin de capitaliser les connaissances en vue d’une gestion écologique durable de cette espèce et de son habitat. La méthodologie appliquée consiste d’abord à la recherche systématique des nids sur les sites. Ensuite, les nids détectés seront numérotés par un code alpha numérique par ordre de détection puis localisé à l’aide d’un GPS, la position et diverses données seront collectées telle que : le nombre d’œuf, la végétation observée autour des nids (espèce, hauteur, recouvrement %), le diamètre interne et externe du nid. En fin, Les œufs seront mesurés individuellement, la longueur (L) et la largeur (l) seront mesurées en utilisant un pied à coulisse. Le volume des œufs (V) sera calculé en utilisant la formule de Hoyt. Cet ainsi que sur les trois (3) sites, 47 nids sont identifiés dont 14 nids à Ayérou, 13 nids à Kandadji et 20 nids à Kokorou. Le diamètre externe moyen sur l’ensemble de nids est de 26,34cm et le diamètre interne moyen est de 18,51cm. Au total, 347 œufs sont pondus dans l’ensemble des nids avec un taux de reproduction est de 50% à Ayérou, 46,15% à Kandadji et 45% à Kokorou.


Mots clés: Ecologie, biologie, reproduction, fleuve Niger, barrage de Kandadji

INTRODUCTION

Les oiseaux sont des éléments familiers de notre environnement et occupent une place particulière parmi les vertébrés dans les écosystèmes. En effet, leur présence dans tous les types de milieux, leur fidélité au biotope natal, leur place dans les chaînes alimentaires, les fonctions qu’ils remplissent dans les écosystèmes, leur aptitude à coloniser l’espace dans ses trois dimensions, et, surtout leur grande sensibilité aux modifications de l’habitat, en ont fait, de bons indicateurs écologiques, susceptibles de renseigner sur l’état de santé d’un territoire (Mohammed, 2016). Les oiseaux sont également considérés comme de bons sujets pour explorer un certain nombre de questions d’importance écologique (Urfi, 2003; Mohammed, 2016).

L’étude de reproduction comme caractéristiques d’histoire de vue des êtres vivant avait été débuté depuis les cinquantaines du siècle passé, Darwin dans son livre «L’origine des espèces» a relié l’augmentation du nombre d’œufs à la fluctuation de disponibilité alimentaire, la fécondité et à la taille de population. De son tour, Lack (1947, 1954) suggère qu’une réduction de la taille de la nichée par rapport à la couvée est une réponse adaptative des oiseaux aux variations stochastiques des disponibilités en ressources alimentaires. Cette réduction peut découler de l’abandon, de l’infanticide ou du fratricide d’un ou de plusieurs jeunes (Djerdali et al., 2008b; Mohammed, 2016).

Des synthèses récentes sur les expérimentations par apport de nourriture confirment l’idée que généralement l’apport de nourriture augmente le succès reproducteur, la taille des couvées, le volume des œufs et la survie des oiseaux (Christians, 2002; Robb et al., 2008). Le manque d’alimentation peut réduire la production des œufs (et même l’arrêtée complètement) ainsi, affecte la grandeur de ponte. Par conséquent, l’approvisionnement alimentaire (nourriture supplémentaire) est également important pour la femelle en terme de permettre la production d’œufs (Christians, 2002; Tortosa et al., 2002; Aguirre,2006 et Gordo, 2007). La performance de reproduction est connue pour être influencé par de nombreux facteurs tels que le manque de nourriture, la prédation, les conditions météorologiques et l’âge des couples (Rodríguez et Bustamante, 2003). En plus, d’autres facteurs affectent également le succès reproductif, l’emplacement du nid peut affecter le microclimat du nid et ainsi le succès d’élevage des poussins (Tortosa et Villafuerte, 1999; Tortosa et Castro, 2003), les facteurs climatiques ont un impact direct sur la survie à la fois des adultes et leurs poussins sous l’effet des conditions extrêmes de température et précipitations (Gocek, 2006) et indirectement pendant la période migratoire (Nevoux et al., 2008). Il y a une évidence considérable que la production des œufs et l’incubation chez les oiseaux sont couteuses en terme d’énergie (Monaghan et Nager, 1997), selon la théorie de l’histoire de la vie, il y a un compromis entre l’investissement d’un individu dans ses jeunes contre son propre chance de survivre et de se reproduire dans le futur (Gocek, 2006).

La reproduction des oiseaux d'eau comprend de manière générale: les phases de cantonnement et de formation des couples, de construction du nid, de ponte, d'incubation, d'éclosion, d'élevage, et d’envol des jeunes (Mohammed, 2016). Pour certaines espèces, il faut aussi ajouter après l’envol une période plus ou moins longue de dépendance des jeunes envers leurs parents (Tamisier et Dehoter, 1999). Les données scientifiques fiables sur l’avifaune, ses exigences écologiques et ses rythmes biologiques, sont d’un grand concours pour comprendre le fonctionnement des écosystèmes. Ces données constituent un outil indispensable au gestionnaire d’une aire protégée ne fusse que parce qu’elles permettent d’utiliser ces informations comme autant d’indices de l’état sanitaire de l’écosystème, autrement dit de son degré de perturbation.

L’objectif de cette étude est de comprendre l’écologie de la reproduction (paramètre mesurable et non mesurable) de Dendrocygne veuf dans la vallée du fleuve Niger, afin de capitaliser les connaissances en vue d’une gestion écologique durable de cette espèce et de son habitat.

MATÉRIEL ET MÉTHODES

Matériel biologique

Le Dendrocygne veuf est un canard de petite taille (38-48 cm) à la silhouette élégante toujours haut sur les pattes. La face et la gorge sont blanchâtres qui contraste avec la nuque noire et le cou marron. Le dos est rayé brun roux, la poitrine est châtaine et les flancs nettement rayés au vol, les ailes sont arrondies et le blanc de la tête est bien visible. Sexes semblables. Face blanchâtre et arrière de la tête noirâtre. Préfère de loin des plans d’eau bordés de végétation, marais et rizières. Se repose à découvert aux bords des lacs et rivières. Très grégaire, on le trouve assez souvent en compagnie des dendrocygnes fauves. Régime alimentaire essentiellement granivore. Espèce résidente, mais effectue des déplacements locaux en fonction des disponibilités alimentaires.

Milieu d’étude

L’étude a été réalisée dans trois communes de la région de Tillabéry qui sont Ayerou (00°92’01’’E et 14°71’38’’N), Dessa (Kandadji) (00°99’10’’E et 14°61’34’’N) et Kokorou (00°90’44’’E et 14°18’45’’N).

Figure 1: Carte de la zone d’étude

Les températures de la zone sont très élevées le jour, pouvant atteindre jusqu'à 45°C à l'ombre, puis basses la nuit; elles descendent parfois en dessous de 10°C. La pluviométrie y est faible (en moyenne 240 mm/an) et est répartie très inégalement dans le temps et dans l'espace (Cissé, 2013). Les principales espèces floristiques observées au niveau du fleuve et des plaines inondables sont: Aeschynomene afraspera, Brachiaria mutica, Cyperus maculatus, Echinocloa colona, Echinocloa stagnina, Eragrostris pilosa, Ipomaea asarifolia, Nymphaea lotus, Oryza longistaminata, Panicum laetum, Polygonum senegalense et Vetiveria nigritana (Geesing et Djibo, 2006; Tecsult, 2006).

La zone d’étude a une population estimée à 195288 habitants dont 38957 habitants pour la commune rurale de Dessa, 115934 habitants pour Kokorou et 40397 habitants pour Ayerou. Ces trois communes ont une superficie totale de 2629 km2. L’agriculture de subsistance, l'élevage, la pêche, le commerce et l'exploitation forestière représentent les activités de la zone (Cissé, 2013). L'agriculture se caractérise par la prédominance des céréales à double fonction (grain et sous-produits agricoles pour le cheptel) et par des cultures irriguées dominées par la riziculture et le maraîchage (Geesing et Djibo, 2006). La région est caractérisée par une couverture de matériaux meubles qui est relativement mince, de sorte que le substratum rocheux, situé près de la surface, y affleure sur de grandes étendues. Les ressources hydriques de la zone sont constituées du fleuve Niger et ces affluents dont la Sirba, le Dargol et le Goroual mais aussi par des mares comme Kokorou-Namga……

Méthode de collecte des données

La recherche des nids

La recherche des nids est faite dans les zones accessibles des différents sites que nous avons prospectées une fois par semaine de la première moitié du mois de Juillet jusqu’à la mi-septembre 2019. Dès la fin de la construction du nid, nous avons collectés diverses données telles que biotiques (les dates, période et grandeur ou taille de ponte ainsi que le taux d’éclosion) et abiotiques (caractéristiques des nids et sites des nids).

Mesure des caractéristiques des nids et sites des nids

Les nids détectés sont numérotés par un code alpha numérique par ordre de détection puis localisé à l’aide d’un GPS, la position et diverses données sont collectées telle que: le nombre d’œuf, la végétation observée autour des nids (espèce, hauteur, recouvrement %), le diamètre interne et externe du nid.

Mesure des œufs

Les œufs sont mesurés individuellement, la longueur (L) et la largeur (l) sont mesurées en utilisant un pied à coulisse. Le volume des œufs (V, mm3) est calculé en utilisant la formule de Hoyt: [V= 0.000509*L*B2], (L représente la longueur et B la largeur) (Hoyt, 1979).

Date de la première ponte et la période de ponte

La date de la première ponte représente la date à laquelle le premier œuf est pondu. La date de la première ponte a été calculée en supposant un intervalle de 3 semaines entre la date de la première ponte et la date d’éclosion. La période de ponte correspond à la durée entre la ponte du premier œuf du couple le plus précoce et la ponte du premier œuf du couple le plus tardif Mohammed, 2016).

Grandeur de ponte

La grandeur de ponte serait le reflet de la sélection naturelle qui permettraient aux adultes de pondre un nombre d'œufs correspondant au nombre de jeunes qu'ils pourraient réellement élevés, compte tenu des disponibilités alimentaires du lieu et du moment (Lack, 1966). La taille de ponte sera considérée comme complète lorsque le nombre d'œufs n'a pas changé entre les inspections successives du nid et que ce dernier arrive à l’éclosion.

- Le succès moyen de reproduction: Correspond au nombre de nids éclos sur le nombre total des nids.

- Le succès moyen à l’éclosion: Correspond au nombre d’œufs éclos sur le nombre total d’œufs pondus.

Analyse des données

Nous avons calculé les moyennes et les écarts types pour les différents paramètres étudiés avec Microsoft Excel 2010.

Les analyses statistiques suivantes ont été effectuées avec le logiciels Minitab14 et le logiciel R 3.0.3

Nous avons comparé les variables suivantes entre les sites en utilisant une analyse de variance:

- Les caractéristiques des œufs (longueur, largeur, et volume);

- Le succès à l’éclosion;

- Le test de Kruskal-Wallis a été utilisé pour comparer les dates de ponte

Le coefficient de corrélation de Pearson et la droite de régression ont été utilisés pour analyser les différentes relations entre les paramètres mesurés (paramétrique et non paramétrique respectivement) par le Minitab14. Les valeurs de p < 0,05 ont été considérés comme significatives.

Une analyse en composantes principales (ACP) avec le logiciel R pour voir les relations entre les caractéristiques de nids et des œufs.

RESULTATS

Les résultats sont ceux d’un suivi de reproduction de Dendrocygne veuf sur le site d’Ayérou, de Kandadji et de Kokorou.

Pendant la saison de reproduction (Juillet-Septembre), et durant une recherche régulière des nids de Dendrocygne veuf dans la berge, les champs et les jachères aux alentours du fleuve Niger (site d’Ayérou et Kandadji) et de la mare de Kokorou (site de Kokorou), 47 nids ont été recensés et suivi sur les différents sites. Les nids sont généralement construits avec des tiges et des feuilles en décompositions.

Date et période de ponte

A Ayérou, les premiers nids ont été installés vers la deuxième quinzaine du mois de juillet où un maximum de trois nids a été enregistré, suivis par un nombre remarquable de onze nids installés durant le mois d’aout. Le nombre total des nids installés dans le site d’Ayérou est 14 nids. Les premières pontes ont été observées le 16 juillet 2019. La ponte des œufs s’est étalée jusqu’à la première quinzaine de septembre 2019 (tableau 1).

Les premiers nids ont été localisés à Kandadji vers la deuxième quinzaine du mois de juillet avec deux nids enregistrés. Les premières pontes ont été observées le 19 juillet 2019, et la période de ponte s’étale jusqu’à la première quinzaine du mois de septembre. Le nombre total des nids installés dans le site de Kandadji est de 13 nids (tableau 1).

Les premiers nids ont été localisés vers la deuxième quinzaine du mois de juillet à Kokorou avec cinq nids enregistrés. Les premières pontes ont été observées le 12 juillet 2019, et la période s’étale jusqu’au mois de septembre. On dénombre un total de 20 nids dans site de Kokorou (tableau 1).

Le pic de ponte a été observé durant le mois d’aout dans tous les sites (15 nids à Kokorou et 11 nids à Ayérou et Kandadji).

Les dates de début et de fin d’incubation et d’éclosion sont relativement similaires dans tous les sites. Le début de la ponte dans les sites a commencé à la mi-juillet et a duré jusqu’au début septembre (tableau 1).

La date moyenne de ponte enregistré à Ayérou est de 35 jours, elle de 33 jours à Kandadji et 36 jours à Kokorou.

Tableau 1: Caractéristiques générales de la reproduction

Construction et caractéristique des nids

Mode d’occupation spatial

Les nids de Dendrocygne veuf rencontrés sont installés dans les berges, les champs et les jachères des différents sites, généralement dans une strate herbacée d’une grande hauteur (parfois plus de 50cm de hauteur). Les nids sont composés de végétaux en décomposition.

Le plus grand nombre des nids de Dendrocygne veuf se rencontrent préférentiellement dans une strate herbacée composée principalement de Eragrostis tenella, Bracharia xantholenca, Cenchrus biflorus, Cassia momosoides, Cyperus alopecuroides, Jacquemontia tamnifolia, Tephrosia linearis, Tribulus terrestris, Gardenia sokotensis, Dactylotenium aegyptium, Pennisetum pedicellatum, Schoenefeldia gracilis, Fimbristylis hispidula etc………

Cette végétation occupe parfois plus de 80% du recouvrement aux alentours des nids.

Photos 1 & 2: Végétation autour des nids

Caractéristiques générales des nids

Les dimensions des nids sont variables; au début de la ponte, il est encore rudimentaire et les œufs reposent presque sur le sol, mais presque chaque jour de nouveaux matériaux sont apportés et le nid s’agrandit.

Sur l’ensemble des sites, le diamètre externe moyen des nids est de 26,34cm avec des valeurs extrêmes 31 et 23cm. Le diamètre interne moyen des nids est de 18,51cm, les valeurs extrêmes sont 21 et 17cm. Le recouvrement moyen des herbacés autour des nids est de 84,89% avec des valeurs extrêmes de 95 et 75%. Quant à la hauteur moyenne des herbacés autour des nids, elle est de 43,14cm avec comme extrêmes 52 et 37cm. La distance moyenne des nids par rapport aux principaux points d’eau des sites est de 2,85km avec des valeurs extrêmes de 5 et 0,75km (tableau 2).

Tableau 2: Mesures générales (moyennes) des nids de Dendrocygne veuf

Caractéristiques générales des nids par site

Les valeurs extrêmes des diamètres externes dans les sites sont de 31 et 23cm, et celles des diamètres internes sont de 21 et 17cm. Le diamètre externe moyen le plus élevé est observé à Kokorou (26,40cm) et le plus faible à Kandadji (26,23cm). De même pour le diamètre interne moyen, le plus élevé est de 18,70cm (à Kokorou) et le plus faible est de 18,30 (à Kandadji). La valeur la plus élevé de recouvrement moyen des herbacés autour des nids est observée à Kandadji avec 85,38% et la plus faible est de 84,64% (Ayérou), mais les valeurs extrêmes sont les mêmes sur tous les sites. Quant à la hauteur des herbacés autour des nids, la valeur moyenne la plus élevée est de 43,40cm (Kokorou), la valeur extrême la plus élevée est de 50cm à Kandadji et Kokorou. La valeur moyenne de la distance des nids par rapport aux principaux points d’eau est plus élevée à Kokorou avec 3,1km et moins élevée à Ayérou (2,51km), la distance maximale est de 5km sur tous les sites mais la distance minimale est de 0,75km à Ayérou et 1km sur les autres sites (tableau 3).

Tableau 3: Mesures générales des nids par sites

Corrélation entre les caractéristiques des nids

Le diamètre externe et le diamètre interne sont positivement influencés par le recouvrement (r = 0,397 et r = 0,293; p ˂ 0,05), mais ils sont négativement influencés par la hauteur de la végétation (r = - 0,048 et r = - 0,83; p ˂ 0,05) et par la distance par rapport aux points d’eau (r = - 0,051 et r = - 0,017; p ˂ 0,05). La hauteur de la végétation et la distance par rapport aux points d’eau sont négativement influencées par les autres caractéristiques des nids (tableau 4).

Tableau 4: Corrélation entre les caractéristiques des nids

On note les équations de régressions suivantes: Recouvrement = 86,8 + 1,32 Diamètre externe - 0,71 Diamètre interne - 0,388 Hauteur de la végétation - 2,42 Distance/eau;

Hauteur de la végétation = 57,7 + 0,295 Diamètre externe - 0,431 Diamètre interne - 0,151 Recouvrement - 0,546 Distance/eau.

Figure 2 et 3: Droite de régression du recouvrement et de la hauteur de la végétation des sites

Biométrie des œufs

Sur l’ensemble des sites, malgré le nombre des œufs différents, le volume maximal est de même valeur 25,49cm3 et de même pour le volume moyen (21,85cm3), mais le volume minimal est plus élevé à Kandadji avec 20,05cm3 et moins élevé à Kokorou avec 17,55cm3.

La longueur maximale la plus élevée est observée à Kokorou 4,7cm avec 155 œufs mesurés, et 4,6cm pour les autres sites avec 103 et 89 œufs mesurés à Ayérou et Kandadji. La longueur moyenne est de même valeur sur tous les sites avec 4,3cm. La longueur minimale la moins élevée est observée à Kokorou avec 4cm et les autres sites avec 4,1cm.

La largeur moyenne est de même valeur sur tous les sites avec 3,16cm, la largeur maximale la plus élevée est observée à Kokorou avec 3,4cm et les autres sites avec 3,3cm. La largeur minimale la plus élevée est observée à Kandadji avec 3,1cm et la moins élevée à Kokorou avec 2,9cm (tableau 5).

Tableau 5: Biométrie des œufs mesurés sur les sites

Corrélation entre les mesures des œufs

Le tableau 6 montre que les volumes des œufs sont positivement influencés par les longueurs des œufs (r = 0,741; p ˂ 0,05) et par les largeurs des œufs (r = 0,864; p ˂ 0,05). Les longueurs des œufs sont influencées par les largeurs des œufs (r = 0,366; p ˂ 0,05).

Tableau 6: Corrélation entre les mesures des œufs de sites

On note les équations de régression suivantes: Longueur = 6,99 - 2,01 Largeur + 169 Volume;

Largeur = 3,08 - 0,355 Longueur + 73,6 Volume

Figure 4 et 5: Droite de régression de la longueur et la largeur des œufs de sites

Il existe une différence significative entre les longueurs et les volumes des œufs (Kruskal-Wallis test: x² =201,39; df = 8; p = 0,000) entre les largeurs et les volumes (Kruskal-Wallis test: x² =251,47; df = 8; p = 0,000). Mais aussi entre les longueurs et les largeurs (Kruskal-Wallis test: x² =48,56; df = 5; p = 0,000).

Grandeur de ponte

Sur l’ensemble des sites, la moyenne de ponte enregistré est 7,31 œufs par nids, la grandeur varie de 1 à 16 par nids.

A Ayérou, la grandeur varie de 2 à 12 œufs avec une moyenne de 7,28 œufs par nids. La grandeur varie de 1 à 12 œufs à Kandadji avec une moyenne de 6,76 œufs par nids. A Kokorou elle varie de 1 à 16 œufs avec une moyenne de 7,7 œufs par nids (tableau 7).

Tableau 7: Grandeur de ponte par site

Photos 3 & 4: Nids remplis des œufs

Chronologie des éclosions des œufs

Les premières éclosions ont eu lieu à partir du 15 aout 2019 à Kandadji et Kokorou, à partir 20 aout 2019 à Ayérou. Puis le taux d’éclosion commence à augmenter jusqu’à ce qu’il arrive à son niveau le plus élevé vers la fin du mois aout, où il commence à diminuer pendant la première quinzaine du mois de septembre. La période des éclosions a duré 15 jours à Ayérou, 22 jours à Kandadji et 25 jours à Kokorou (tableau 1).

Succès de l’éclosion et de la reproduction

Succès de l’éclosion

A Ayérou, 103 œufs ont été pondus, parmi lesquels 47 ont réussi leur éclosion soit un taux 45,63% et le taux d’échec est de 54,36%. Le taux de succès est de 46,06% à Kandadji avec un taux d’échec de 53,93% sur 89 œufs pondus. A Kokorou, sur 155 œufs pondus, le taux de succès est 49,03% et le taux d’échec est de 50,96% (tableau 8).

Tableau 8: Taux d’éclosion des œufs par sites

Corrélation entre les caractéristiques des nids et le succès de l’éclosion

Les succès de l’éclosion sont positivement influencés par les diamètres internes des nids (r = 0,038; p ˂ 0,05); par les recouvrements (r = 0,248; p ˂ 0,05) et par les distances par rapport aux point d’eau (r = 0,128; p ˂ 0,05). Mais ils sont négativement influencés par les diamètres externes (r = - 0,082; p ˂ 0,05) et par les hauteurs de la végétation (r = 0,028; p ˂ 0,05) (tableau 9).

Tableau 9: Corrélation entre les caractéristiques et le succès de l’éclosion

Succès de la reproduction

Sur 14 nids dénombrés à Ayérou, le succès de reproduction est de 50%, il est de même pour le taux de l’échec. A Kandadji, le succès de reproduction est 46,15% avec un taux d’échec de 53,84%. Le succès de reproduction a un taux de 45% à Kokorou avec un taux d’échec de 55% (tableau 10).

Tableau 10: Taux de reproduction par site

Corrélation entre les caractéristiques des nids et le succès de la reproduction

Les succès de la reproduction sont positivement influencés par les diamètres externes (r = 0,065; p ˂ 0,05); par les diamètres internes (r = 0,111; p ˂ 0,05); par les recouvrements (r = 0,009; p ˂ 0,05); par les hauteurs de la végétation (r = 0,196; p ˂ 0,05) et par les distances par rapport aux points d’eau (r = 0,133; p ˂ 0,05) (tableau 11).

Tableau 11: Corrélation entre les caractéristiques et le succès de la reproduction

Analyse générale entre les caractéristiques de nids et des œufs

L’analyse en composantes principales (ACP) entre les différentes caractéristiques de nids et des œufs nous a permis de classer les nids en quatre (4) principaux lots en fonction de leurs relations avec les caractéristiques. Cet ainsi que le lot 1, de caractéristique ‟recouvrement” est composé des nids (observations) numéro 15, 16, 18, 25, 26, 32, 38 et 40. Le lot 2 de carctéristique ‟ succès de l’éclosion” est composé des nids (observations) 2, 10, 12, 17, 21, 22, 29, 31, 33, 35, 36, 37, 38, 42, 43 et 44. Le lot 3 des caractériques ‟succès de reproduction, hauteur de la végétation et distance par rapport au point d’eau” est conposé des nids (observations) 1, 3, 4, 5, 11, 14, 19, 20, 23, 24, 27, 28, 34, 39, 41, 43 et 46. Le lot 4 des caractéristiques ‟diamètre interne, diamètre externe et grandeur” est caractérisé par les nids (observations) 7, 8, 9, 13, 30, 45 (figure 6). L’analyse de la figure 7 montre que le succès de reproduction est la caractéristique qui contribue moins à la constitution de 2 premières composantes et le diamètre interne et externe sont les caractéristiques les actives dans la composition de 2 premières composantes.

Figure 6: Analyse en composantes principales (ACP)

Figure 7: Contribution des caractéristiques au 2 premières composantes

Menaces liée à la reproduction

Les menaces les plus fréquentes rencontrées lors du suivi des nids sont la collecte des œufs, la chasse qui entraine la captivité de l’individu, l’agriculture qui entraine la destruction de l’habitat, l’élevage qui entraine la collecte ou le piétinement des œufs.

Photos 5 & 6: Individu capturé avec ses œufs et un nid dépouillé

DISCUSSION

Une des caractéristiques frappantes de nos résultats est la date de ponte contrastante entre les sites. La reproduction peut être contrainte par la croissance de la végétation qui fournit la couverture de nidification et les ressources trophiques. La fluctuation dans la durée de la date de ponte reflète des réponses adaptatives de l’oiseau face aux facteurs du milieu changeant constamment. Les conditions météorologiques ont un effet qui ralentis le rythme de la ponte et retarde la couvaison (Bouriach, 2016). Ainsi ceci peut être dû aux conditions climatiques appropriées et à la disponibilité des ressources trophiques. Toutefois, l’action du climat n’agit pas uniquement de maniéré directe sur la physiologie de l’oiseau (Mohammed, 2016); le développement de la végétation émergente dans le site contrôle le début de la période de ponte (Samraoui et Samraoui, 2008; Samraoui, et al., 2013), cette dernière sert à protéger les nids des autres espèces d’oiseaux d’eaux. Les oiseaux les plus efficaces qui produisent beaucoup de jeunes ayant eux-mêmes de fortes probabilités de survie, sont ceux qui ajustent au mieux leur date de ponte à la disponibilité et à l’abondance de ressources trophiques (Mohammed, 2016).

Le choix du site de nidification peut influer sur la survie de la femelle pendant la saison de reproduction ainsi que sur la survie des œufs jusqu’à l’éclosion. Un mauvais choix du site de nidification peut exposer la femelle et ses œufs aux prédateurs, la destruction ou l’inondation et peut influencer le succès de la reproduction, ce mauvais choix peut affecter l'acquisition des ressources telles que la nourriture, les matériaux de construction du nid ainsi que la protection des œufs et des poussins des prédateurs (Bouriach, 2016). Les sites de nidification doivent remplir un nombre important de fonctions (protection contre les prédateurs, un abri contre les intempéries, et la proximité des sites de recherche de la nourriture) (Mohammed, 2016).

La sélection naturelle a façonné le comportement de nidification et les caractéristiques du nid comme un compromis entre les coûts et les avantages pour répondre aux diverses et souvent adverses exigences écologiques (Soler et al., 1998b). Les caractéristiques et l’emplacement du nid peuvent avoir une forte influence sur les performances de reproduction chez les oiseaux (Rauter et al., 2002 et Tomas et al., 2013). Les nids des oiseaux sont remarquablement diversifiés et parfois, de constructions complexes qui fournissent un soutien, des abris et d'autres avantages de conditionnement physique pour les adultes et leur progéniture (Hansel, 2000; Fargallo et al., 2001 et Soler et al., 1998a). Les caractéristiques du nid, comme la taille, la grandeur et la construction du nid ont été liées à la qualité parentale et donc peuvent agir comme des signaux à l'engagement de la reproduction entre les modèles sexuels (Soler et al., 2001; De Neve et al., 2002; Antonov, 2004 et Broggi et Senar, 2009). Le choix du nid est important du moment que ce dernier puisse conditionner le succès de reproduction de la femelle pour les motifs telles que le faible risque de prédation, le faible dérangement humain, la protection des aléas climatiques, la stabilité de la structure du nid et de bonnes conditions microclimatiques pour la thermorégulation des poussins (Tortosa et Castro 2003; Vergara et al., 2010).

Plusieurs hypothèses ont été proposées pour expliquer les mécanismes évolutifs qui sont derrières les bénéfices dans l’efficacité biologique issus des nids degrande taille chez plu- sieurs espèces d’oiseaux (Fargallo et al., 2001; Soler et al., 2001). L’une de ces hypothèses explique la relation observée entre la taille du nid et le succès de reproduction supposant que les nids de plus grande taille pourraient contenir plus de poussins que les nids plus petits (Mohammed, 2016). Un autre mécanisme proposé pour expliquer la relation entre la taille du nid et le succès de reproduction chez les oiseaux, c’est la sélection sexuelle (Soler et al., 2001). Le nid pourrait être une extension du phénotype des individus du moment que par exemple, les grands nids, les biens élaborés, les mieux décorés pourraient précisément signaler la qualité du constructeur (Sarra, 2016). La prédation (Martin, 1993) et les inondations (Hake et al., 2005) peuvent être des causes importantes de l'échec de nidification.

CONCLUSION

L’étude a pour but d’examiner l’écologie et la biologie de la reproduction de Dendrocygna viduata dans la vallée du fleuve Niger. Cet ainsi que sur les trois (3) sites, 47 nids sont identifiés dont 14 nids à Ayérou, 13 nids à Kandadji et 20 nids à Kokorou. Le diamètre externe moyen sur l’ensemble de nids est de 26,34cm et le diamètre interne moyen est de 18,51cm. Au total, 347 œufs sont pondus dans l’ensemble des nids avec une grandeur moyenne de 7,28 œufs à Ayérou, de 6,76 œufs à Kandadji et de 7,7 œufs à Kokorou. La longueur moyenne des œufs sur les sites est de 4,3cm, la largeur moyenne est de 3,16cm et le volume moyen est de 21,85cm3. On observe un taux d’éclosion de 45,63% à Ayérou, 46,06% à Kandadji et de 49,03% à Kokorou. Le taux de reproduction est de 50% à Ayérou, 46,15% à Kandadji et 45% à Kokorou. Les données scientifiques fiables sur l’avifaune, ses exigences écologiques et ses rythmes biologiques, sont d’un grand concours pour comprendre le fonctionnement des écosystèmes. Ces données constituent un outil indispensable pour la bonne gestion des zones humides et aux gestionnaires des aires protégées.

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